67.

— Si j’ai bien compris, vous m’emmenez participer à une descente à laquelle vous n’êtes pas censé aller ?

— C’est exactement ça, répondit Ari, le regard perdu sur le bord de la nationale 118, à travers la vitre teintée.

— OK. Ça me va.

Mackenzie tourna la tête et regarda le garde du corps, concentré sur sa conduite. Décidément, ce Krysztov commençait à lui plaire. Contrairement à ce qu’il avait pu craindre au départ, ce grand mince aux allures de premier de la classe ne semblait pas être un maniaque du protocole. Et vu ce qu’ils étaient sur le point de faire, c’était beaucoup mieux ainsi…

— Dites-moi, Krysztov, vous n’allez pas avoir de problèmes avec votre direction, si vous me suivez là-dedans ? s’enquit toutefois Ari.

— Je suis là pour vous protéger. Je ne vais pas vous laisser y aller tout seul.

— On peut voir ça comme ça…

— Vous pouvez au moins m’expliquer ce qu’on est censé y faire ?

— Eh bien, principalement, récupérer quelqu’un qui s’est fait enlever.

Le garde du corps jeta un coup d’œil inquisiteur à son voisin.

— Laissez-moi deviner… La jolie brune qui était sur les photos de votre portable ?

Ari lui adressa un regard étonné.

— On ne peut rien vous cacher, Krysztov.

— Écoutez, commandant…

— Appelez-moi Ari.

— Eh bien, Ari, si je peux me permettre… Disons que ça se voit dans vos yeux.

— Ah oui ?

— Oui. Une colère et une détermination pareilles, je me suis dit qu’il y avait forcément une histoire de bonne femme là-dessous.

Ari aurait voulu lui répondre que ce n’était pas juste une « histoire de bonne femme », que c’était Lola, et que Lola n’était pas juste une « bonne femme ». Mais il préféra garder le silence. Zalewski n’aurait pas pu comprendre.

Ils arrivèrent bientôt à la sortie de la nationale qui menait vers Bièvres et Krysztov se laissa guider par son GPS. Ils traversèrent le centre-ville puis un quartier pavillonnaire, avant d’arriver dans le parc de la Martinière.

C’était une zone un peu à l’écart, paisible et arborée. Il restait par endroits quelques plaques de neige qui faisaient de petites îles perdues au milieu des arbres dénudés. À quelques kilomètres de Paris à peine, c’était déjà la campagne, avec son doux silence et son odeur de terre humide.

La voix féminine du GPS leur signala bientôt qu’ils étaient arrivés à destination. Sur la droite, en retrait des rares maisons qu’il y avait alentour, un mur de pierre encerclait un parc paysager en haut duquel on apercevait le toit bleuté d’un pavillon du XIXe siècle. Au milieu du mur, à quelques pas de la rue, une grande grille noire en fer forgé marquait l’entrée de la résidence.

— La DIPJ doit déjà être dans le quartier, expliqua Ari, faites le tour.

Le garde du corps tourna à droite. Au coin de la rue suivante, ils aperçurent une camionnette blanche derrière un relais EDF.

— Garez-vous là.

Mackenzie sortit de la voiture et marcha tout droit vers le véhicule banalisé. La porte arrière s’ouvrit brusquement et le visage furieux du commissaire Allibert apparut dans l’ombre de la camionnette.

— Qu’est-ce que vous foutez là, Mackenzie ? grogna-t-il, hors de lui. Vous allez tout foutre en l’air !

Ari grimpa à l’intérieur et salua les quatre hommes de la BRI qui se préparaient.

— Je viens avec vous.

— Vous vous foutez de ma gueule ?

— Je ne me permettrais pas, commissaire. Mais je viens avec vous.

— Certainement pas ! Vous êtes pas un homme de terrain, bordel, vous êtes un agent des Renseignements, Mackenzie !

— Je vous signale que j’ai reçu provisoirement l’habilitation d’OPJ, dans le cadre de cette enquête. Quant à savoir si je suis ou non un homme de terrain, croyez-moi, j’ai traversé des zones plus dangereuses qu’un pavillon de banlieue chic.

Deux des agents de la BRI ne masquèrent pas un rire approbateur. Ils devaient connaître la réputation et le CV de Mackenzie.

— Ari, vous faites chier. Ça se fait pas.

— Allibert, ne vous inquiétez pas. Je suis pas là pour vous faire de l’ombre. Ça reste votre opération. Je veux être là au cas où Dolores Azillanet serait retenue à l’intérieur.

— C’est justement ce qui me dérange ! On mélange pas le boulot et la vie privée.

— Écoutez, intervint l’officier de la BRI derrière eux. Vous n’allez pas passer des heures à vous engueuler ? Vos querelles de clochers, ça nous regarde pas, nous. Commissaire, vous nous avez demandé de vous assister pour cette opération, alors maintenant, on y va.

Allibert poussa un soupir.

— Ça ne vous dérange pas que je participe ? demanda Ari, voyant que la BRI était plutôt de son côté.

— Du moment que vous ne jouez pas au cow-boy.

— Je me tiendrai bien. Vous êtes ?

— Capitaine Fossorier.

— Enchanté. Vous êtes venu avec combien de gars ?

— Huit. Nous quatre, et quatre collègues dans un véhicule de l’autre côté du pavillon. Côté DIPJ, le commissaire Allibert est venu avec un lieutenant, ajouta l’officier en désignant l’homme à l’avant de la camionnette.

— Donc vous êtes dix. Parfait. Avec nous, ça fait douze.

— Comment ça ? s’exclama Allibert. Vous n’êtes pas tout seul, en plus ?

— Ah ben non. J’ai mon garde du corps. Un collègue du SPHP. Ordre du ministre. Vous allez l’adorer, c’est un ancien légionnaire.

Le commissaire secoua la tête d’un air dépité.

— Comment on procède ? Vous donnez directement l’assaut ?

— Ça va pas, non ? répliqua Allibert. Rien n’indique que nous sommes en milieu hostile. On sonne, on se présente, et la BRI n’entre en action que si ça tourne mal. Quant à vous, vous restez sagement derrière moi, compris ?

Ari afficha un sourire sceptique. Il y avait peu de chances qu’ils soient accueillis à bras ouverts.

— Tenez, prenez ça au cas où, dit finalement le capitaine Fossorier en lui donnant un émetteur-récepteur. On sera sur le canal 4.

— OK. Je vais chercher mon ange gardien et on vous rejoint.

Ari retourna vers la BMW et fit signe à Zalewski de sortir.

— C’est bon. On y va.

Ils s’abritèrent derrière le coffre ouvert de la berline, dans lequel se mit à farfouiller le garde du corps.

— Tenez, dit-il en tendant à Ari un épais gilet pare-balles noir.

Ari enleva son manteau pour enfiler cette protection bienvenue.

— Vous êtes armé, Ari ? demanda Zalewski, qui avait toujours son bâton de réglisse dans la bouche.

— J’ai mon 357 Manurhin.

— Ça manque de cartouches, ces vieux machins-là.

— Peut-être, mais ça fait mal.

— Mouais…

— Vous voulez que je vous tire une balle dans le pied, pour voir ?

Le garde du corps se pencha à nouveau dans son coffre et ouvrit une mallette métallique. Il en sortit un pistolet-mitrailleur moderne. On sentait qu’il était dans son élément, l’excitation se lisait dans ses yeux.

— Prenez ça, pour ce genre de situation, c’est l’idéal. C’est un FN P90. En pistolet-mitrailleur, y a pas mieux. Il fait partie des plus légers, des plus courts et, surtout, le chargeur contient cinquante cartouches. C’est une arme très maniable, avec une excellente puissance de feu.

— Vous avez des parts dans la manufacture ou quoi ?

— Non, mais je vous assure que c’est une arme prodigieuse.

— Si vous le dites, dit Ari en inspectant l’arme dans ses mains. Et vous ?

— J’en ai une autre pour moi.

Krysztov donna plusieurs chargeurs à Ari, attrapa un sac à dos qu’il jeta sur ses épaules et referma le coffre.

— Bon, c’est quoi, le plan ? demanda le garde du corps tout en vérifiant son matériel.

— Eh bien, ça va un peu dépendre de la façon dont on est accueilli. Le commissaire de la DIPJ espère entrer tranquillement. À mon avis, ça va être beaucoup plus tendu qu’il ne le croit.

Ari agrandit la lanière du pistolet-mitrailleur, le passa autour de son cou et le glissa dans son dos pour le cacher sous son trench-coat. Ils se mirent en route.

Allibert et son collègue se dirigèrent au même moment vers l’entrée du pavillon pendant que les hommes de la BRI restaient en retrait.

Ils se regroupèrent devant la haute grille. À première vue, il n’y avait personne de l’autre côté, mais on apercevait en haut du parc au moins deux voitures garées près du pavillon.

D’ici, on pouvait quasiment voir le bâtiment dans son ensemble. C’était une belle et large maison de pierre blanche, surélevée derrière un perron qui occupait toute la façade. Les deux étages étaient coiffés d’un toit d’ardoises bleues et, sur la droite, une tour carrée s’élevait un niveau plus haut.

En haut d’une colonne de pierre, à côté de la grille d’entrée, un nom était gravé sur une plaque de laiton. L’Agartha. Juste en dessous, Ari repéra une sonnette surmontée d’une caméra vidéo. Sans hésiter, Allibert appuya sur le bouton.

Après quelques secondes, une voix nasillarde se fit entendre dans le haut-parleur.

— Oui ?

— Bonjour, je voudrais voir M. Albert Khron, s’il vous plaît.

Moment de silence.

— Qui dois-je annoncer ?

— Le commissaire Allibert, de la DIPJ de Versailles.

— Un instant.

Ari tourna la tête vers son garde du corps.

— Ça, c’est de la descente de flics ! dit-il ironiquement à voix basse.

Ils attendirent une bonne minute puis, soudain, le lieutenant qui accompagnait Allibert s’exclama :

— Il y a une bagnole qui démarre là-haut !

— Il va se barrer par une autre sortie ! lança Ari.

Le commissaire transmit l’ordre dans son émetteur :

— Ils essaient de s’enfuir. On entre ! À vous !

— Bien reçu, répondit le capitaine Fossorier. Nous pénétrons par les murs est et ouest. Terminé.

Ari se mit à courir vers la droite et sauta sur le mur de pierre, bientôt imité par Zalewski et les deux policiers. Ils passèrent par-dessus l’enceinte et se laissèrent glisser dans le parc. À peine eurent-ils posé un pied à terre que des coups de feu retentirent, en provenance du pavillon. Des petits bouts de pierre éclatèrent sur le mur derrière eux.

— Baissez-vous ! s’écria Krysztov.

Le garde du corps jeta par terre son bâton de réglisse. On passait aux choses sérieuses.

Ari s’accroupit et fit glisser le FN P90 devant lui. Il referma énergiquement sa main sur la crosse. Allibert écarquilla les yeux en découvrant l’arme.

— Il faut qu’on empêche la voiture de sortir, lâcha Mackenzie en la montrant du doigt. Vous deux, passez par la droite, Krysztov et moi, on y va par la gauche !

Le commissaire acquiesça, un peu dépassé.

— On se retrouve devant le pavillon, répondit-il finalement.

Il y eut une nouvelle détonation. Puis une autre. Ari se mit aussitôt en mouvement, suivi de près par le garde du corps. L’arme au poing, ils progressèrent dans le parc partiellement enneigé, au milieu des châtaigniers et des acacias. Sans même avoir eu besoin de se parler, ils adoptèrent tous deux instinctivement les tactiques qu’on leur avait enseignées lors de leur formation militaire et respectèrent les règles strictes de la progression en tir de combat.

Pour l’un et l’autre, il s’agissait de se protéger des tirs tout en essayant de conserver une « domination situationnelle », à savoir un contrôle continu de l’environnement. Se servir autant de sa vue que de son ouïe, assurer son équilibre, se déplacer rapidement mais sans courir, dans un mouvement glissant de côté, garder la direction de son arme en ligne avec la direction du regard, conserver l’index hors du pontet tant que l’on n’est pas en visée, et surtout ne jamais croiser les jambes.

Un nouveau coup de feu retentit et la balle siffla juste à côté d’eux.

— Tireur sur le balcon, à 15 heures ! lança Ari.

Krysztov s’immobilisa derrière lui, posa un genou à terre et ajusta son tir. Son arme réglée au coup par coup, il tira par deux fois. Ari vit aussitôt le corps de leur assaillant s’affaler derrière la balustrade.

Ils reprirent instantanément leur avancée. De l’autre côté de la maison, d’autres coups de feu éclatèrent. Les hommes de la BRI étaient passés à l’action.

— La voiture arrive sur l’allée centrale ! s’écria Krysztov. Il ne doit pas y avoir d’autre issue ! Ils vont tenter une sortie par la grille !

Ari vit en effet arriver, sur leur gauche, le 4x4 gris métallisé. Il n’était plus qu’à une cinquantaine de mètres. Sans hésiter, il se jeta sur le sol, visa en direction du chauffeur et tira une première salve. Des bouts de verre volèrent en éclats au centre du pare-brise et la voiture fit une embardée au milieu du chemin de gravier. Ari baissa légèrement le canon de son pistolet-mitrailleur et envoya une deuxième salve en direction des pneus.

Le 4x4 se mit à déraper sur le côté puis partit en tête-à-queue. Le lourd véhicule fit un demi-tour, projetant des cailloux en l’air, s’immobilisa une seconde, puis repartit en direction du pavillon en patinant dans l’herbe trempée, son pneu avant éclaté.

— Go, go, go ! s’exclama Ari en se relevant.

Ils remontèrent aussitôt en direction de la haute maison. La voiture disparut derrière les arbres, puis Ari la vit réapparaître et s’arrêter au bas des marches du perron, droit devant eux.

— On peut pas passer par là ! s’écria Krysztov à côté de lui. On est trop exposés !

Ari acquiesça. Ils arrivaient devant le parking de gravier, et il n’y avait ici aucune protection pour rejoindre l’entrée du pavillon. Il aperçut le commissaire et son collègue de l’autre côté. Il prit son émetteur à sa ceinture.

— Mackenzie pour Allibert. On attaque par le flanc gauche. À vous.

— Bien reçu. On prend le flanc droit. Terminé.

Krysztov hocha la tête et passa devant. Ils progressèrent sur le côté pour contourner le parking.

Au même instant, la portière arrière gauche du 4x4 s’ouvrit et Ari vit deux silhouettes en sortir précipitamment.

Le premier homme, la trentaine, large d’épaules, s’éleva sur le marchepied et se mit à tirer dans leur direction avec une arme de poing, pendant que le second, derrière lui, montait quatre à quatre les marches du perron pour rentrer dans le pavillon.

Ari se recroquevilla pour s’abriter, mais il eut le temps de reconnaître Albert Khron. Son grand corps mince, ses cheveux gris. Il avait donc bien essayé de s’enfuir. Mais Lola n’était pas dans la voiture.

— Ne visez pas le vieux ! s’écria Ari au milieu des détonations. Je le veux vivant, celui-là !

Le garde du corps tira trois balles successives en direction de la voiture. Leur assaillant se réfugia derrière la portière. Ari tenta aussitôt une sortie.

L’arme tendue devant lui, en direction du 4x4, il progressa en diagonale, pour prendre le véhicule à revers. Mais à peine eut-il fait trois pas qu’un coup de feu retentit depuis l’étage. Un seul coup de feu, sec et soudain.

Ari reçut la balle en pleine poitrine.

Stoppé net dans sa course, le corps d’Ari fut projeté en arrière. Il tomba brutalement sur le dos au milieu des graviers, dans un bruit sourd et violent.

 

Le rasoir d'Ockham
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